Votre réseau

Vous vous sentez isolé ou au contraire bien entouré. Vous fréquentez surtout des membres de votre famille, ou vous n’avez plus de relations avec eux ? La plupart de vos amis présentent une déficience, ou au contraire, vous êtes le seul – la seule – à présenter une déficience dans votre cercle d’amis ?

Chaque famille a son style. Certaines familles n’ont pas le souci d’entretenir les liens. A l’inverse, d’autres familles cultivent ces liens et parviennent à les maintenir malgré les aléas de la vie. Votre situation vient s’inscrire sur cette toile de fond, déjà existante. Si votre déficience est récente, elle ne transformera sans doute pas fondamentalement vos relations. Si elle date de votre enfance, vous êtes-vous déjà demandé ce que vos oncles et tantes ont vécu par rapport à vos parents, et réciproquement ? Ce qui a été expliqué à vos cousins ? Et si votre déficience est d’origine génétique, savez-vous comment cette nouvelle a été accueillie dans la famille élargie ?

Votre parcours vous a sans doute permis de rencontrer d’autres personnes atteintes d’une déficience. Certaines d’entre elles comptent peut-être à présent parmi vos meilleurs amis. Vos personnalités s’accordent bien, et votre expérience commune a créé entre vous une vraie complicité. Avec ces amis, il n’est pas nécessaire de frimer, de reculer vos limites. En leur compagnie, il est peut-être aussi plus aisé d’affronter les regards des autres. Ou alors, c’est peut-être justement à cause de ces regards, par crainte d’être assimilé à votre déficience, que vous refusez de fréquenter des personnes en situation de handicap.

Etre seul « différent » dans un groupe ne devrait rien avoir d’exceptionnel, même si c’est parfois inconfortable pour vous. Vous pouvez ressentir le besoin de faire des efforts pour prouver que vous avez votre place et pour accepter, parfois, d’être traité différemment. Vous pouvez aussi avoir du mal à faire comprendre vos besoins, à faire respecter votre rythme, plus lent, lorsque vous marchez, parlez, écoutez ou réfléchissez. Votre déficience met à l’épreuve la solidité de vos relations et les relations qui subsistent sont d’autant plus vraies et précieuses.

16
Jenny, atteinte d’une déficience motrice
« Je viens de passer mon bac dans un lycée pour valides où j’ai connu beaucoup de monde. (…) Je sors au cinéma, en discothèque, avec des jeunes de mon âge. Mais je n’aurais jamais connu un tel bonheur si je n’avais pas montré ce que je valais aux yeux des valides. J’ai su leur prouver que, malgré mon manque de force musculaire, je n’étais pas différente d’eux. C’est pourquoi il ne faut jamais attendre que les valides viennent à nous, car c’est à nous de faire le premier pas. »

110 F
Témoin anonyme
« Quant à mes amis, le vent les a progressivement emportés loin de moi ; ils ont leurs centres d’intérêt à eux, loin de mes problèmes.
En ce qui concerne l’entourage familial, je ne puis que constater une lente dégradation des relations, en raison d’un phénomène de lassitude bien compréhensible qui conduit à ce que ma place soit prise insensiblement mais progressivement. »

152
Leréna, atteinte d’autisme
« J’ai toujours eu des difficultés à établir des liens avec les autres et, plus encore, à les maintenir. J’étais généralement la tête de turc de la classe, voire de l’établissement scolaire, et j’ai été victime de nombreuses brimades, aussi bien de la part de mes camarades que de mes professeurs. On me disait de faire ‘semblant de rien’, de ‘changer mon comportement’, d’être plus ‘avenante’. »

88
Anna, atteinte d’une déficience auditive
« En cinquième, l’année dernière, les élèves de la classe se moquaient de moi. Ils me demandaient ce que c’était que ce caillou dans l’oreille. Mon appareil auditif… J’ai demandé à changer de classe. Cette année, les autres sont plus gentils avec moi, mais je ne les vois pas en dehors du collège. Je ne vois que ma cousine, qui est dans le même collège que moi et qui est sourde, elle aussi »