(Re)trouver votre place au sein de la famille

Quelle que soit la famille, il peut être compliqué d’y trouver sa place.

Parce que vous avez un frère ou une sœur en situation de handicap, vous avez peut-être l’impression d’avoir moins d’intérêt aux yeux de vos parents. Ils sont moins disponibles, moins attentifs, accaparés par un(e) autre que vous.

Vous estimez qu’en « ayant échappé au handicap », vous devez être plus performant ou plus discret ou plus « gentil » ? Vos parents ont peut-être ce type d’attentes vis-à-vis de vous et ne pensent pas forcément à vous encourager, à reconnaître vos mérites.

Quand on remet en cause sa place au sein de la famille, c’est la place de tous qui est remise en cause… autant dire que cette démarche peut prendre du temps et de l’énergie. On n’y arrive pas souvent du premier coup, mais se poser des questions est déjà une première étape qui commencera à faire bouger les choses.

Eléonore, 23 ans :
A l’adolescence, je me mettais fort en retrait afin que mes parents puissent consacrer leur énergie à ma sœur et non à moi. Du coup, c’est vrai que j’ai parfois eu l’impression de ne pas pouvoir m’épanouir, de ne pas avoir assez de place. Même si ses cris m’énervaient, je n’osais pas le dire, même si ses pleurs m’exaspéraient, je restais silencieuse. C’est dur de se plaindre de sa sœur alors qu’elle est handicapée. On se dit que ce n’est pas de sa faute et que du coup, on n’a pas le droit de se plaindre de son comportement. Alors on encaisse, jusqu’au jour où ça explose. (59)


Macarena :
Ca me dérange qu’il m’embête quand je suis en train d’étudier… Il ne peut pas me toucher, je suis intouchable. Il sait qu’il ne peut pas me toucher parce que maman le met en pénitence et il ne reste pas une minute en pénitence. Heureusement, maman me défend. (62)


Martina, sœur de Lucas, 29 ans :
Je me rappelle qu’une fois j’avais eu des dix partout sur mon bulletin. C’était très important pour moi. Je suis entrée en courant par la porte de la maison pour le montrer à ma mère, mais elle était très heureuse à ce moment-là parce que Lucas avait bien fait un exercice qu’on lui avait enseigné. Elle n’a même pas regardé mon bulletin. (63)


Magali :
La vie que menait ma mère m’a toujours préoccupée. Elle consacrait sa vie à ma sœur et ne pouvait profiter de rien… et pas non plus de moi. (64)


Mirta, 56 ans :
Je me rappelle que pendant mon enfance je ne pouvais jamais être seule avec mes parents, c’est-à-dire partager des moments exclusifs avec eux. Quelqu’un devait toujours rester à la maison pour s’occuper de mon frère, il ne pouvait pas rester seul. Donc moi je ne pouvais jamais sortir avec mes deux parents parce que si mon père restait seul à s’occuper de lui, ma mère pouvait sortir, et si c’était ma mère qui restait, je pouvais sortir seul avec mon père, mais ensemble avec les deux, jamais. Je me suis toujours demandé si mes parents voulaient être avec moi. Je pensais qu’ils ne m’aimaient pas. (65)