Mon évolution

Vous êtes dans la découverte de votre déficience ou de certains nouveaux aspects de votre situation.

Vous vous sentez pareil à vous-même mais vos conditions de vie changent. Inévitablement, votre regard sur vous-même et votre identité vont évoluer. Vous allez probablement vous découvrir de nouvelles priorités, de nouvelles valeurs et de nouvelles compétences. Et vous pouvez aussi passer par des moments de révolte ou de découragement.

Votre entourage tente peut-être, avec bienveillance, de vous encourager en vous promettant un avenir bien plus heureux que ce que vous pouvez imaginer. Ou au contraire, le pessimisme ou les craintes de vos proches risquent d’assombrir votre horizon.

Vous avez tout un chemin à parcourir pour vous libérer des projets que l’on fait pour vous et pour penser vous-même votre propre vie. Il faut parfois faire preuve de beaucoup de vigilance pour rester acteur de son parcours… ou pour un jour le (re)devenir.

Vos relations avec les autres peuvent aussi se modifier. Non seulement en raison des aides dont vous avez besoin, mais aussi parce que le regard des autres sur vous peut changer. Des amis vont sans doute s’éloigner, et d’autres, se rapprocher. Vous nouerez peut-être aussi des relations privilégiées avec des personnes qui vivent une situation similaire. Ou bien vous fuirez ce type de relations. A vous de faire vos expériences…

L’incertitude et la peur par rapport à l’avenir peuvent vous empêcher de profiter pleinement des satisfactions que la vie peut vous apporter aujourd’hui. Or il s’agit là d’une précieuse source d’énergie pour déployer votre créativité et pour trouver vos marques, au fil du temps.

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Cédric, atteint d’une déficience visuelle
« Je ne cherche pas des solutions à tout prix à mon problème de vue. Je ne le vis pas bien car on m’a toujours dit, quand j’étais plus jeune, que ma vue ne baisserait pas. Or, elle diminue et c’est très difficile. J’ai constaté une différence énorme le jour où j’ai repris en main un ancien jeu vidéo et me suis rendu compte que je ne parvenais plus à y jouer.
J’ai peur du jour où je vais me réveiller et ne verrai plus rien. Donc, j’essaie de profiter au maximum de ce que je peux voir. Cela me permettra d’avoir beaucoup de souvenirs le jour où je ne verrai plus. »

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Jean M. porteur de trisomie 21
« Quand j’allais à l’école, on ne se moquait pas de moi. Les gens sont gentils avec moi. Mais il ne faut pas fixer les gens dans leurs yeux. J’ai pas envie d’avoir des bagarres avec eux. »

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Sarah, atteinte d’une déficience motrice
« Pendant longtemps, je me suis forcée à ne pas me poser de questions. Pendant toute mon adolescence, j’ai été très entourée par mes amis et ma famille mais je refusais de me projeter. De plus, quand on est handicapé, on a tendance à confondre la dépendance physique et morale. On est infantilisé: on ne parvient pas à se détacher de notre famille pour faire nos propres choix. Du coup, j’ai vécu mon adolescence en retard. Quand j’étais en prépa, j’ai traversé une période très difficile. Toutes les questions auxquelles je refusais de répondre me sont revenues comme un boomerang. J’ai commencé à me demander comment je voulais vivre ma vie, me demander si j’allais trouver l’amour, quelle vie de femme j’allais construire. C’était très angoissant. Aujourd’hui, je commence à réaliser que je peux être libre et faire des choix même si j’ai encore des moments de doute. »

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Blanche, atteinte d’une déficience auditive
« Le médecin (gynécologue) parlait surtout avec elle. Ma mère m’expliquait après mais elle ne me rapportait que trois mots alors qu’ils avaient parlé longtemps. Je me suis ensuite rendu compte que je pouvais me débrouiller toute seule. Ça n’a pas été facile pour le médecin ni pour moi. Il se demandait si je comprenais ce qu’il me disait »