La réaction et la place des frères et sœurs

Quelles peuvent être leurs réactions ?

Tout comme vous, les frères et sœurs se posent de nombreuses questions. Celles-ci varient en fonction de leur âge, de leur histoire personnelle ainsi que de leurs préoccupations du moment. Un enfant se demandera, par exemple, si cela est déjà arrivé dans d’autres familles, ou si d’autres enfants vivent la même chose. Un autre pensera qu’il est peut-être lui-même porteur d’un handicap caché et qu’on n’ose pas le lui dire. Un troisième pourra se sentir très coupable de ses sentiments, voire même penser que ce qui arrive est de sa faute.

Une des plus grandes difficultés pour vos autres enfants sera, sans doute, d’exprimer ce qu’ils ressentent. Soit qu’ils ont du mal à bien comprendre ce qui se passe en eux, soit qu’ils ne s’autorisent pas à s’en plaindre, préférant vous protéger de soucis supplémentaires en taisant leurs questions.

De même, lorsqu’à l’adolescence, le jeune éprouve le besoin de ressembler à ses copains, il peut se sentir gêné par le regard des autres sur sa sœur ou son frère « handicapé ».

Quelle est leur place dans la famille ?

L’attention que requiert l’enfant en situation de handicap ne vous permet probablement plus d’assurer toute la disponibilité que vos autres enfants attendraient. Les frères et sœurs peuvent se sentir laissés de côté quand ils vous voient mettre toute votre énergie pour l’enfant porteur de déficience. Ils peuvent aussi ne pas se sentir en droit d’être jaloux de ce frère ou de cette sœur qu’ils perçoivent, à tort ou à raison, plus fragiles. Or la jalousie entre frères et sœurs peut être bien présente, même dans cette situation particulière.

Parler avec eux de cette place occupée par le frère ou la sœur en situation de handicap est sans aucun doute le meilleur moyen de les aider à accepter cette situation et à y trouver leur place. Vous pouvez, par exemple, leur expliquer que ce handicap n’est pas un choix, mais une réalité qui n’était pas prévue, et que vous ne pouvez faire autrement que d’y faire face.

Tenter de dégager des « petits moments » pour les frères et sœurs est aussi important. Ne serait-ce quelques minutes par jour. Vous pouvez leur expliquer que vous ne disposez plus d’autant de temps pour eux qu’avant, mais que vous ferez tout votre possible pour dégager des moments rien que pour eux. Ils seront moins fréquents et plus courts, mais il y aura moyen d’en profiter pleinement.

On constate la plupart du temps, que, muris par la confrontation à cette réalité, les frères et sœurs d’un enfant en situation de handicap feront preuve de compréhension et vont aussi manifester une très grande attention et une grande sollicitude envers lui ou elle.

Laure Assimacopoulos :

Avant de parler de mon expérience de sœur, je pense important de mentionner certaines questions qui se promènent d’une manière générale dans la tête des frères et sœurs d’une personne handicapée. Dans un premier temps, les questions sont plutôt du genre : Pourquoi mon frère ou ma sœur est handicapé et pas moi, pourquoi lui et pas moi ? D’où vient ce handicap ? Qu’y a-t-il de différent dans sa conception par rapport à la mienne puisqu’on a les mêmes parents ? 148


Eva (12 ans) :

Je crois que maintenant cela va beaucoup mieux mais pendant une petite période, je crois que c’est vers 7, 8, 9 ans que cela a été le plus dur. Pendant cette période-là je n’arrivais pas à comprendre pourquoi mon frère avait plus d’intérêt que moi. 149


Dominique :

j’ai 38 ans après demain et j’ai aujourd’hui reçu le premier mail envoyé par mon frère trisomique âgé de 33 ans .Il a demandé à l’instit’,qui lui apprend lire à depuis bientôt 2 ans, de l’aider.?voici son texte « bon anniversaire Dominique, tu as 38 ans, bisous,?Hervé »?Ce cadeau est le plus précieux qu’il m’ait jamais été donné de recevoir.?Par ces simples mots, mon frère m’a rendu implicitement une liberté dont la trisomie nous a privé depuis presque 35 ans : celle d’être seulement un frère et une sœur.?J’aurai tout aussi bien pu recevoir un message identique d’un frère non porteur de la trisomie 21.J’accepte aujourd’hui enfin, que mon frère soit presque autonome et n’ait plus besoin de moi pour exister…… il me reste juste une petite épreuve à surmonter : parler à ma sœur, à mon frère et à mes parents de ma souffrance d’enfant et leur demander de me parler de la leur en acceptant la possibilité qu’ils refusent, qu’il soient envahis par le chagrin à mon initiative, mais aussi peut être celle, à leur tour, de s’en libérer. 150