Vous n’avez pas tout compris ?
La plupart des parents disent qu’il y a un avant et un après l’annonce de handicap de leur enfant. Et c’est sûrement vrai pour vous aussi, même si, comme cela arrive souvent, on ne vous a pas pris à part, à un moment précis, pour vous annoncer personnellement le handicap de votre frère ou de votre sœur.
Le questionnement sur le handicap sera différent, selon qu’on soit l’aîné ou le cadet, selon l’âge ou encore selon le type de déficience.
Par ailleurs, les messages peuvent être chargés d’émotions, voire aussi de non-dits qui perturbent l’information et la compréhension.
Des explications vous ont peut-être été données, mais vous pouvez avoir mal compris certains mots, certains liens de cause à effet. Faute de réponses satisfaisantes, vous avez peut-être échafaudé vos propres explications à partir des informations que vous avez captées et interprétées.
Les f/s se posent parfois des questions cruciales dont les adultes n’ont même pas conscience : « Est-ce ma faute ? Cela va-t-il m’arriver à moi aussi ? Peut-on espérer une guérison ? Pourquoi n’est-ce pas moi qui suis handicapé ? » …
Face aux préoccupations de vos parents, à leur manque de disponibilité, par peur de les blesser ou de les inquiéter, vous n’osez peut-être pas poser vos questions, toutes vos questions.
Dans votre quête de réponses, vous pouvez aussi vous tourner vers d’autres adultes : un proche, le médecin de famille, un éducateur, un enseignant, un professionnel qui aide vos parents ou votre f/s, …
Eléonore, 23 ans :
Ma petite sœur est née avec un retard mental. Lorsqu’elle avait 9 ans, et moi 12, elle a été victime d’un accident vasculaire cérébral. A ce moment-là, je n’ai pas arrêté de me dire « Pourquoi elle ? Pourquoi elle alors qu’elle est déjà atteinte d’un handicap mental ? Pourquoi le sort s’acharne-t-il sur elle et pas sur moi ? ». Ce fut une période très dure où j’ai énormément culpabilisé. Je ne comprenais pas pourquoi ça tombait sur elle et pas sur moi… (19)
Catherine, 23 ans :
Je me souviens avoir pensé qu’étant l’aînée, j’avais sans doute pris « toute l’intelligence » qu’il y avait dans le ventre de maman, je lui avais peut-être laissé la répartie. Mais ce n’était pas très sympa de ma part, j’aurais dû partager. (20)
Eva, 12 ans :
Au tout début je ne me rendais pas vraiment compte du handicap de mon petit frère. J’avais quatre ans. Je ne me rendais pas compte qu’il pourrait prendre de la place. Au début, au lieu de me dire qu’il était aveugle, on me disait tout le temps : « Eva doucement, il ne te voit pas ». On n’employait jamais le mot « aveugle ». Du coup, je lui criais dans les oreilles. (21)
Laure :
Pour ma part, j’ai cru pendant longtemps que puisque ma sœur avait eu un malheur à la naissance et pas moi, j’allais vivre à un moment ou à un autre quelque chose de terrible pour équilibrer ce lot de malheurs que moi, la privilégiée, je n’avais pas eu en naissant ! Cette croyance était tellement ancrée que je n’osais pas le dire et je pensais que de toute façon personne ne pouvait rien pour ce malheur qui allait m’arriver ! Mais le jour où j’en ai vraiment parlé avec mes parents, cette idée s’est envolée. Il est vrai qu’elle revient parfois sans que je puisse la contrôler. (22)