Quand les émotions se bousculent

Les émotions vécues lors de l’annonce sont nombreuses et varient en fonction de chacun et de son contexte de vie : les sentiments d’injustice ou de culpabilité, la peur, la honte, la tristesse, la colère, la révolte, … .

Ces émotions peuvent varier, s’amplifier ou diminuer en fonction des événements de la vie. Ne vous inquiétez pas, c’est normal. Petit à petit vous apprendrez à vous connaître, parfois à pouvoir anticiper leur apparition et à les gérer.

Les témoignages qui suivent – ou d’autres dans ce livret – sont autant d’histoires dans lesquelles vous vous reconnaîtrez ou non, selon votre propre vécu.

Comprendre et ne pas nier ses propres émotions, celles de son conjoint ou de proches, peut permettre de mettre des mots sur « ce qui ne passe pas », de « vider son sac », et ainsi de pouvoir réfléchir, seul ou avec l’aide de professionnels ou de proches, pour trouver la force de « remonter la pente ».

Anonyme :
Par rapport à ma propre expérience, je dirais une seule chose aux autres parents : oui, on peut être révolté par le handicap de son enfant qui apparait comme une injustice inacceptable, oui, on peut se sentir coupable, mais on perd hélas beaucoup d’énergie face à quelque chose contre lequel on ne peut rien. Oui le handicap est injuste et on peut toujours chercher le « pourquoi ? », mais quand il est là et « qu’on fait avec », la vie continue, riche d’une expérience unique qui s’appelle : la Vie ! Et je peux vous assurer que pour tout l’or du monde, je ne voudrais pas revenir en arrière. Oui, on peut vivre heureux avec un enfant « handicapé ». Oui, une personne handicapée peut vivre heureuse. 12


Anonyme :
Il n’y a rien à faire, c’est ça le plus dur. On ne sait pas contre quoi se battre. On ne se bat pas à armes égales. Parce qu’on ne peut lutter contre le handicap, il faut l’accepter. Je ne l’ai pas accepté parce que je trouvais cela tout à fait injuste. 69


Anonyme :
Tant que nous avons vécu notre fille comme amputée de l’intelligence, comme la victime d’une monstrueuse injustice, non seulement nous ne l’avons pas reconnue dans sa vérité à elle, mais nous l’avons empêchée de se reconnaître elle-même à la façon qui lui est propre, d’épanouir toutes les possibilités que porte en elle une personne handicapée. 9


Dr Db :
Après annonce du diagnostic d’une trisomie 21, un dialogue s’instaure avec la maman en pleurs. « En êtes-vous sûr ? Quand connaîtrons-nous les résultats du caryotype ? Que va devenir mon bébé ? ». Le papa qui avait jusque là gardé le silence nous interrompt : « Vous allez m’en débarrasser et si vous ne le faites pas, je m’en occuperai moi-même ! ». Après une longue réflexion et un séjour du bébé en néonatologie, les parents décidèrent d’accueillir leur enfant chez eux. Ils habitaient à plus de 100km de la maternité. Je n’eus plus que des nouvelles indirectes de l’évolution. Mais un an plus tard, je reçus une lettre de remerciements avec une photo… 70


Claire Morelle, psychologue :
Le diagnostic peut aussi « sonner » la fin des illusions. Il permet de prendre la place de l’imaginaire construit en son absence. Ce point d’arrêt aux supputations peut apaiser, même si le diagnostic paraît ou est dramatique. 28