Etre avec lui, avec elle, en public

Un jour n’est pas l’autre. Une période de vie n’est pas l’autre…

Certains jours, vous trouvez difficile d’être en public avec votre f/s, que ce soit en raison de son apparence ou de son comportement, ou encore à cause du regard des autres. En se faisant remarquer (même si c’est totalement involontaire) votre f/s attire aussi les regards sur vous. Vous avez l’impression d’être jugé, et même peut-être rejeté, comme lui.

Vous avez parfois le sentiment qu’on le réduit trop vite à son handicap et que cette étiquette cache la « vraie personne », unique, avec ses qualités et ses défauts, comme tout le monde. Une étiquette qui rejaillit peut-être sur vous… Qui aimerait être toujours considéré comme « le frère de », « la sœur de » ?

Il vous arrive peut-être aussi d’éprouver un sentiment de honte, d’être gêné de vous trouver à ses côtés. Vous pouvez vous sentir blessé à travers lui, et avoir envie de prendre sa défense. Mais vous pouvez aussi ressentir vis-à-vis de lui une certaine colère, estimer qu’il devrait faire quelques efforts, ou lui en vouloir tout simplement d’être là.

Il n’est pas facile d’assumer de tels sentiments. On peut parfois en avoir honte, les étouffer au plus profond de soi, faire comme s’ils n’existaient pas, mais on ne peut pas se sentir vraiment bien en les niant. On peut aussi fuir ces situations, en évitant autant que possible les sorties avec lui ou elle. On peut encore en faire un combat, en tirer une énergie positive pour évoluer personnellement et, pourquoi pas, faire évoluer le regard de la société sur les personnes en situation de handicap.

… Un jour n’est pas l’autre, une période de vie n’est pas l’autre.

Voir aussi:

Anonyme :

… les gens nous regardaient d’un mauvais œil lorsqu’on sortait en famille. Du coup, mes parents n’osaient plus sortir de chez eux. (116)

Ezequiel, 13 ans :

« Il est capricieux. L’autre jour il a fait une scène dans un restaurant : il a fait un caprice parce qu’il voulait de la pizza et qu’il n’y en avait pas. Il s’est mis à pousser ces cris qui tuent… Moi j’étais mort de honte. (82)

Caroline, 18 ans, sœur d’Aude, 10 ans, trisomique :

Ma sœur ? Elle est ma mascotte, mon boute-en-train. Je l’adore et elle me donne la pêche. Avec elle, j’ai beaucoup appris, même si c’est une vraie peste. Ma petite sœur est terriblement têtue, autoritaire et mal élevée. Quand je sors avec elle, elle embête tout le monde, et son attitude souvent effrontée me met mal à l’aise. Mais elle sait que je ne peux pas me fâcher en public, alors elle en profite. A la maison, quand on est toutes les deux, j’essaie de lui inculquer quelques règles de bonne conduite. Je me considère un peu comme sa seconde maman, et j’ai à cœur qu’elle puisse se débrouiller dans la vie sans qu’on la remarque trop. J’ai toujours parlé de ma petite sœur à mes copains et copines de façon naturelle et sans tabou. Souvent, pour les provoquer, je demande à Aude d’imiter ma voix et de les appeler au téléphone. C’est notre jeu préféré, et, dans ces moments-là, notre complicité est intense. J’ai l’impression que c’est une vraie comédienne, et je lui reconnais un super talent. C’est elle aussi qui apaise les conflits dans la famille, car elle ne supporte pas que l’on hausse le ton. Alors ça, si ce n’est pas de la diplomatie ! (67)

Frère de 17 ans :

On va faire des courses. Par exemple, à la caisse, mon frère a des problèmes d’écriture. Il écrit mais c’est très difficilement lisible alors, pour signer un chèque, il va écrire ses initiales. Donc le regard du caissier qui va voir la signature… C’est tout une accumulation de choses, ça fait des strates et au bout d’un moment c’est vrai que c’est gênant. Et puis bon à un moment, il suffit qu’on ait un problème à côté ou qu’on soit de mauvaise humeur pour que ça nous mette hors de nous. (117)

Diego :

Ça me met mal à l’aise… quand on va dans un endroit et qu’ils le regardent avec des sales têtes. (118)

Frère de 12 ans :

Valentine quand elle vient elle fait ahhh et après elle fait un gros câlin qui serre énormément d’ailleurs. Et j’ai pas super envie qu’elle vienne le faire au collège, ça ferait la honte, enfin pas la honte, un peu bizarre quoi. (119)

Nestor :

Ma mère me dit toujours que je suis le seul garçon et que je dois m’occuper de mes sœurs et surtout de Marina (atteinte de surdité). Je suis toujours avec elle. Ma mère me dit que je suis celui qui la comprend le mieux quand elle parle. Du coup, je dois m’occuper d’elle quand elle va partout parce que parfois les gens ne la comprennent pas et elle se sent mal. (88)