Différences de réactions

Vous vous sentez empêtré(e) dans des émotions que vous ne maîtrisez pas ? Les mots vous échappent et l’envie d’en parler avec votre conjoint n’est peut-être plus aussi spontanée ? Vous ne comprenez pas sa réaction ?

Chacun réagit de manière unique, selon qu’il soit homme ou femme, selon ses relations familiales, selon son histoire. Chaque situation reste singulière.

Les deux parents réagissent de façon personnelle. Non seulement la réaction va être différente, mais la manière de l’exprimer le sera tout autant. Un parent va vivre, dans un pessimisme ou un optimisme excessif que ne ressentira pas son conjoint ; un autre tentera de minimiser la situation ; certains décideront de se mobiliser pour lutter contre les conséquences. De même, chacun gère ses émotions à sa manière : certains se sentiront incapables de trouver des mots, d’autres se réfugieront dans le silence, d’autres encore n’oseront pas exprimer leur détresse pour ménager leur conjoint(e), ou au contraire auront besoin de beaucoup en parler.

Il arrive aussi que l’homme ou la femme « oublie » qu’il est aussi un compagnon ou une compagne, préservant seulement son rôle de père ou de mère.

Si votre réaction ou celle de votre conjoint en arrive à fragiliser votre couple, n’hésitez pas appeler à l’aide, en en parlant par exemple avec votre médecin. Il est normal de se faire aider dans des situations aussi difficiles.

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Nathalie (Maman) : « Je me sens seule car je me sens être le pilier de cet édifice fragile, alors je ne peux pas, je ne dois pas montrer mes incertitudes, mes doutes, ma colère. (…) Seule, avec mon mari qui, face à cette enfant, ne sait pas quoi faire. Je constate que pour un homme c’est encore plus difficile. L’approche de son enfant handicapée n’est ni innée ni évidente. Il n’ose pas et, désespéré, il préfère feindre l’indifférence tellement la douleur est forte, vive, permanente, intraduisible. »

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Anonyme : « La réaction de mon épouse a été bien différente de la mienne. Comme si le fait de l’avoir porté dans son ventre avait tissé des liens que rien ne romprait. Bien que notre enfant ait de multiples déficiences (sensorielles, mentales et hormonales), elle a réagi dès l’instant du diagnostic avec calme et positivisme : « On n’a pas à se plaindre. Il y a pire souffrance dans la vie ». Et rien, année après année, n’a infléchi son comportement vis-à-vis de lui. En ce qui me concerne, la réaction a été tout autre. J’en ai voulu au monde entier, à la vie, à un Dieu hypothétique. « Pourquoi nous ? Pourquoi lui ? ». Il m’a fallu six ans et deux épisodes de grande dépression, pour que j’arrive à passer de la colère et de la révolte, à l’apprivoisement de sa réalité et à un engagement de tous les instants pour son futur au sein du tissu associatif. »